Le 13 mai 1949, un vaste projet d’aménagement est lancé : conquérir 1 270 hectares sur la baie de l’Aiguillon. Objectif ? Protéger les terres vendéennes des eaux salées… et douces.

Et si la Vendée s’était agrandie de 1 270 hectares ? Ce rêve a bien failli devenir réalité. En 1949, on voulait gagner sur la mer… à la pelle.
« Les attaques de la mer de la Belle Henriette… »
Ce jour-là, une cinquantaine de personnalités se réunissent au Vignaud de Triaize. Objectif : examiner les projets pour renforcer les digues et créer de nouveaux polders. Le préfet, les ingénieurs, les syndics, tous sont là. Leur constat est clair : la mer n’est plus l’unique ennemie. L’eau douce, elle aussi, menace les terres.
« Nous avons à lutter contre les eaux douces qui coupent les routes et emportent les récoltes », déclare Benjamin Caillaud, directeur du syndicat de défense contre les inondations.
Et puis cette phrase, qui résonne étrangement aujourd’hui :
« Les attaques de la mer à la Belle-Henriette et à La Faute… »
En 1949, on voyait la mer comme une assaillante. Aujourd’hui, on dirait plutôt que l’attaque vient de l’homme.

Des écluses trop loin, des digues trop faibles
Les solutions proposées paraissent ambitieuses : déplacer les écluses, renforcer les digues, et même rectifier le cours du Lay. Le tout inspiré des techniques hollandaises.
« Nous sommes en retard sur nos devanciers », admet l’ingénieur Renolleaud
« Il faut agir maintenant si l’on veut éviter de perdre du terrain. »
On parle même de céder des lais de mer à l’Association syndicale pour les endiguer. Le rêve : transformer la baie de l’Aiguillon en terres agricoles fertiles.

1 270 hectares et une phrase qui fait mouche
Le projet semble presque politique : réunir les deux rives du Lay après 300 ans de conflits. Un symbole. Un rêve d’ingénieurs.
« Heureux fleuve que le Lay, puisqu’il sait réunir la gauche et la droite ! » s’exclame le préfet Lobut, sourire en coin.
Le projet n’a pas vu le jour dans sa totalité. Mais cette journée du 13 mai 1949 reste un marqueur fort : celui d’un territoire qui, déjà, tentait de faire barrage au dérèglement des eaux.
Source : archive du journal La Résistance de l’Ouest – Éditions vendéennes de mai 1949.