C’était il y a 15 ans. Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la tempête Xynthia dévastait la Vendée, emportant 29 vies à La Faute-sur-Mer. Ce dimanche 2 mars, familles, élus et habitants se sont réunis à L’Aiguillon-la-Presqu’Île pour un hommage poignant. Un devoir de mémoire essentiel pour ne jamais oublier.

Sous un soleil éclatant, bien loin du ciel chargé de cette nuit-là, le cortège avance en silence. Partis du parc de la presqu’île, les familles et les élus marchent lentement jusqu’au mémorial des victimes, boulevard du Lay. Près de la stèle, Laurent Huger, maire de L’Aiguillon-la-Presqu’Île, lit un à un les noms des 29 disparus. Un silence poignant s’installe.
Élisabeth Tabary, 78 ans, est en tête du cortège. Il y a 15 ans, elle a perdu son mari et son petit-fils de 2 ans dans l’inondation de sa maison. Aujourd’hui, elle est là, déterminée à transmettre la mémoire de cette nuit tragique. « On n’a jamais repris la même vie après ça. C’est une deuxième vie, avec un regard différent sur tout, » confie-t-elle.
Pour elle, il est crucial que cette histoire continue d’être racontée aux générations suivantes : « Nous, on est plus très jeunes. C’est important que ce devoir de mémoire soit porté par d’autres. Il ne faut pas oublier, pour que ça ne se reproduise pas. »

« Un traumatisme énorme »
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, vendéen d’origine, souligne l’impact durable de la catastrophe. « Il y avait 600 maisons. 600 maisons qui n’avaient rien à faire ici. Il faut transformer profondément notre façon de faire, s’imprégner d’une culture du risque pour se dire que le risque zéro n’existe jamais, que les forces de la nature sont extrêmement puissantes. Il y a une forme d’humilité humaine à avoir, » déclare-t-il.
Il évoque les souvenirs terribles des secours cette nuit-là : « Je me souviens des témoignages des sapeurs-pompiers, recevant des appels désespérés. Les gens disaient : ‘J’ai de l’eau jusqu’aux genoux… jusqu’au ventre…’. Ils les entendaient pratiquement mourir. C’est un traumatisme énorme. »
Le ministre de l’Intérieur insiste sur la nécessité de tirer les leçons de Xynthia :
« On ne doit rien oublier vis-à-vis des victimes, vis-à-vis des familles. On ne doit rien oublier aussi des comportements nouveaux qu’on doit avoir. On ne peut pas construire n’importe comment. Il va falloir s’adapter parce que ça n’est pas terminé. Ces épisodes climatiques, violents, on les aura de plus en plus souvent. Ça, c’est clair. On doit renforcer les digues, adapter l’urbanisme, s’assurer que les nouvelles maisons ont des étages pour permettre de se réfugier en cas de crue. »
« Se souvenir pour éviter le pire »
Élisabeth Tabary partage cette inquiétude : « Il y a un oubli qui se crée. Il faut admettre que les choses peuvent recommencer. On ne doit pas faire comme si ça n’avait jamais existé. » Pour elle, il est essentiel que les générations futures soient sensibilisées à ces risques.
Des gerbes de fleurs sont déposées au pied du mémorial. Parmi les présents, des pompiers, des gendarmes et des habitants qui ont vécu la tempête. Certains ont perdu des proches, d’autres leur maison. Tous sont venus pour témoigner de leur solidarité et perpétuer la mémoire des disparus. La cérémonie s’achève dans le recueillement. Certains restent un moment devant le mémorial. Quinze ans après, la plaie est encore vive. Mais ce matin, à L’Aiguillon-la-Presqu’Île, une certitude demeure : la Vendée n’oubliera jamais.