Dans notre société, le corps est encore trop souvent associé à la sexualité. Se voir tel que l’on est, sans artifices, relève parfois du défi. Pour Tiffany, la photographie dénudée a été une révélation : un moyen de se réconcilier avec son image et de retrouver confiance en soi.

« Après ma sleeve… ça m’a aidé à me réapproprier mon corps ». Une phrase qui résume tout pour Tiffany. Après avoir perdu 50 kilos suite à une sleeve, cette mannequin amateur ne se reconnaissait plus. « La photographie m’a offert une nouvelle image de moi, sans artifices, et ça m’a aidée à me réapproprier mon corps.» Son déclic ? Une séance de photographie dénudée avec Vincent Jaulin, photographe basé à Saint-Aubin-la-Plaine, en Vendée.

« C’est un plaisir de s’habiller, de se rendre belle autrement. La photo boudoir nu, aide à montrer que malgré tout, on est belle. Moi, j’adore vraiment la photo, le côté de la pose nue rend vraiment joli,» confie Tiffany. Pourtant, son entourage reste réticent : « Ils associent ça à quelque chose de sexuel, alors que c’est tout sauf ça. Malheureusement, les préjugés ont la vie dure.» Pour elle, la photographie dénudée devrait être perçue autrement : « La nudité est encore très taboue et systématiquement liée à la sexualité. C’est bien dommage.»
Se voir sous un autre angle
Se révéler à travers l’objectif pour mieux se réapproprier son image. C’est le pari de Vincent Jaulin, photographe en Vendée, qui a fait de la photographie dénudée un outil de confiance en soi. Loin des codes esthétiques classiques ou d’une approche érotisante, il offre à ses modèles une nouvelle façon de se voir, avec bienveillance.

Derrière son objectif, une seule intention : changer le regard. « J’ai commencé la photo dénudée presque par hasard. Ma femme n’avait pas confiance en elle, et j’ai voulu lui montrer, à travers mes clichés, ce que moi je voyais : une femme belle, forte et authentique.» Cette expérience a été une révélation pour lui. Lui-même en surpoids, il pose parfois devant l’objectif. « Regardez-moi», dit-il en souriant, en montrant son corps de ses mains. « Je ne me suis jamais senti bien dans mon corps, et aujourd’hui, je sais à quel point c’est important. C’est ce bien-être que je veux apporter aux autres.»
« Je veux aider mes modèles à se voir autrement »
Trop souvent, la photographie dénudée est assimilée à une démarche purement esthétique, voire suggestive. Mais pour Vincent, il s’agit avant tout d’un travail sur l’image de soi. « Je veux aider mes modèles à se voir autrement, sans jugement », explique-t-il. Il met un point d’honneur à préparer ses séances en amont : « On discute, on définit ensemble l’ambiance, le style, ce que la personne est prête à explorer. Ce n’est jamais un passage en force.» Conscient que ce métier est parfois difficile pour un homme, il instaure des règles strictes : « Je reste toujours à distance, je ne touche jamais la personne, je sors quand elle se change. Il faut que la confiance soit totale.»

Briser des années de complexes
Si la photographie peut aider à se réconcilier avec soi, c’est parce qu’elle offre une autre perspective. « Quand on se regarde dans un miroir, on fige son regard sur ce qui ne va pas. La photo permet de changer d’angle, de se voir comme les autres nous voient,» affirme Vincent. Cette distanciation aide parfois à briser des années de complexes.

Tiffany en est convaincue : « Un corps n’a pas besoin de correspondre aux standards des réseaux sociaux et des médias pour être beau. Chaque être est unique et a une beauté personnelle. » Son témoignage ouvre un débat essentiel sur l’image du corps dans notre société : pourquoi la nudité est-elle encore si souvent associée à la sexualité ? Pourquoi n’est-elle pas simplement vue comme un moyen d’exister pleinement, sans artifice ni conformisme ?
Dans un monde où l’image est omniprésente, la photographie dénudée devient ainsi un acte réparateur. « Oscar Wilde disait : ‘La beauté est dans les yeux de celui qui regarde’. Mais si on refuse de se voir, on passe à côté d’une partie de soi,» conclut Vincent.