Vendée Globe : qui est Benjamin Dutreux, le skipper vendéen ?

Originaire de l’île d’Yeu, Benjamin Dutreux, 34 ans, est bien plus qu’un compétiteur. Entre humilité, passion et engagement, ce skipper incarne une génération de navigateurs conscients des enjeux environnementaux. Ce mercredi 20 novembre, 14e au classement, le skipper vendéen trace sa route dans le Pot-au-Noir. Mais qui est l’homme derrière le skipper ?  Pour le deuxième numéro de « Portraits de Vendéen » nous l’avons rencontré. 

« Pour être skipper, le plus important c’est de savoir être soi-même et savoir où on veut aller. » Un sourire chaleureux, une voix douce et des yeux qui pétillent, Benjamin Dutreux incarne une simplicité rassurante. À 34 ans, le skipper vendéen est passionné par ce que lui apporte l’océan. « J’aime cette idée de liberté absolue, sans trajectoire imposée. La mer nous apprend à nous adapter, toujours » assure-t-il. 

L’île d’Yeu, un berceau de liberté

Cette liberté, Benjamin se l’est construite dès l’enfance. Il a grandi sur l’île d’Yeu, en Vendée. « Être entouré par la mer, c’était déjà une chance immense. Sur une petite île, les enfants ont une liberté unique, et mes parents m’ont transmis cette confiance. » Le skipper se souvient très bien de la première fois où il a navigué : « c’était sur l’île d’Yeu, à l’école de voile. Mes parents m’avaient inscrit avec ma grand-mère, pour faire une semaine de stage sur des petits catamarans. Je pense que c’est là que j’ai commencé à avoir le déclic en mer et à vouloir continuer à naviguer toute l’année. »

De ses premières navigations en catamaran à l’école de voile à son ascension dans la voile professionnelle, tout semblait converger vers ce destin maritime. Pourtant, rien n’était tracé d’avance.

« Le fait que le Vendée Globe ne soit pas juste une aventure, que ce soit aussi une course, ça me stimule beaucoup »

Né à Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord, Benjamin n’a pas tardé à trouver son vrai foyer au large de la Vendée. L’île d’Yeu, avec ses paysages sauvages et ses horizons sans fin, a forgé son lien indéfectible avec la mer. « C’est là que j’ai compris que la mer était bien plus qu’un décor. Elle est un espace vivant, imprévisible, qui nous pousse à sortir de notre zone de confort. »

Les souvenirs de ses premières régates et de ses étés passés sur l’eau nourrissent encore ses ambitions. À force de travail acharné, il passe des compétitions locales aux grandes courses au large. Mais le skipper reste humble : « on ne devient pas professionnel du jour au lendemain. J’ai dû gravir chaque étape, apprendre des échecs, comprendre mon bateau et mes limites. »

C’est ce dépassement de soi qu’il apprécie dans le sport : « j’ai toujours été très compétitif. Et le fait que le Vendée Globe ne soit pas juste une aventure, que ce soit aussi une course, ça me stimule beaucoup. »

L’amour de l’imprévu

L’amour de l’imprévu et la capacité à s’adapter sont des atouts essentiels pour ce skipper professionnel. Dans l’univers de la navigation chaque journée est différente. Comme il le dit lui-même, « en mer, il ne faut pas aimer la routine. Les horaires de sommeil, les repas, tout change quotidiennement, et même avec une préparation minutieuse, les problèmes techniques surviennent inévitablement, précise Benjamin. Mais pour lui, c’est là que réside tout l’intérêt : « C’est ça qui est assez génial, c’est qu’en mer, il faut tout le temps s’adapter, » s’enthousiasme-t-il.

Son aisance face à l’imprévu, loin de le frustrer, devient une force. Il s’ajuste facilement aux plannings qui bougent, aux changements constants, et cela sans se laisser perturber, trouvant même un certain plaisir à improviser. « Ça ne me dérange pas, » affirme-t-il. Une attitude qui s’avère précieuse pour un marin face aux aléas de la vie en mer.

Un écologiste engagé

Benjamin Dutreux, c’est aussi un homme de conviction. Depuis plusieurs années, il utilise la voile comme un levier pour sensibiliser à la cause écologique. À travers son engagement avec l’association Water Family, il œuvre pour éduquer les jeunes à l’importance de préserver l’eau et les écosystèmes.

« Pour moi, la transmission est essentielle. Ce que j’aime, c’est créer des ponts entre les scientifiques, les éducateurs et les enfants. Grâce à des actions concrètes, comme des interventions en classe ou des projets comme la Water Forest School, on peut toucher des milliers de jeunes et leur montrer que chacun peut agir. »

Benjamin Dutreux

Le Vendée Globe joue ici un rôle crucial. « Cette course, c’est une pépite pour diffuser des messages. Elle capte l’attention des écoles et des familles. En racontant nos aventures, on peut sensibiliser les jeunes aux enjeux environnementaux tout en leur montrant que la mer est un trésor qu’il faut protéger. »

L’avenir : entre dépassement et transmission

Avec un premier Vendée Globe en 2020 terminé à la 9e place, Benjamin Dutreux ne cache pas ses ambitions. Mais pour lui, la performance sportive va de pair avec une aventure humaine et sociétale. « Ce qui me rend fier, ce n’est pas seulement le classement. C’est d’avoir choisi de belles trajectoires, de m’être battu avec le bateau et moi-même, et d’avoir donné du sens à ce projet. »

Alors que les prochaines semaines de course s’annoncent intenses, Benjamin reste fidèle à ses valeurs : rigueur, adaptabilité et transmission. Le skipper vendéen peut compter sur les soutien de son équipe technique.

Pour ce skipper au grand cœur, la victoire n’est pas qu’une question de ligne d’arrivée. Elle se mesure dans l’impact qu’il laissera, sur les vagues et dans les esprits.

Auteur/autrice

  • Je viens du monde de la radio, où chaque mot compte. Aller à l’essentiel, écrire le moins pour dire le plus, c’est ma façon de travailler.Après avoir été journaliste dans plusieurs régions de France, j’ai choisi de raconter les histoires d’ici, en Vendée. Des récits de vie, des initiatives locales, une information gratuite, réfléchie et bienveillante, accessible à tous.Avec Vendée Gazette, je veux informer sans cliver, éclairer sans juger. "Le plus compliqué, c’est de faire simple", une devise qui guide ma plume, au service du local et des gens.

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