Mercosur : les agriculteurs vendéens montent au front devant la sous-préfecture de Fontenay-le-Comte

Ce lundi 18 novembre en France, plus de 80 actions sont menées dans tout le pays par les agriculteurs. Le but : empêcher la signature de l’accord de libre-échange avec le Mercosur. À Fontenay-le-Comte, une dizaine d’agriculteurs se sont réunis devant la sous-préfecture. 

Les agriculteurs devant la sous-préfecture – Fontenay-le-Comte

Fontenay-le-Comte, 6 heures du matin. Huit tracteurs encerclent la sous-préfecture. Une dizaine d’agriculteurs du sud Vendée sont réunis devant. Ils se joignent à un mouvement national, avec une cible claire : l’accord de libre-échange Mercosur.

« On va faire rentrer de la nourriture beaucoup moins chère, mais produite sans respecter nos normes. Nous, on fait des efforts énormes sur la qualité, eux non, » martèle Jérémy, éleveur bovin vêtu de son gilet vert estampillé FDSEA. 

« Cet accord favorise l’importation de produits qu’on n’a même plus le droit de produire ici »

Le Mercosur, cet accord entre l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique du Sud, fait craindre une concurrence jugée déloyale. Près de lui, Nicolas, agriculteur à Pouillé, exprime ses craintes : « cet accord favorise l’importation de produits qu’on n’a même plus le droit de produire ici. C’est un non-sens économique et écologique. »  

Pour ces agriculteurs, déjà affectés par une année difficile marquée par une baisse allant jusqu’à 40 % des revenus agricoles en raison du changement climatique, l’accord pourrait être le coup de grâce.

Les revendications et le dialogue avec le sous-préfet

Après plusieurs heures de négociation, Jérôme Biré, représentant de la FDSEA pour le sud Vendée, sort de l’entretien avec le sous-préfet Christophe Pecate. « On a fait remonter nos doléances. Cet accord est une menace directe pour nos exploitations. On ne peut pas accepter que des produits non conformes à nos normes inondent nos marchés, » déclare-t-il, avant d’ajouter : « L’agriculture française est déjà au bord du gouffre avec des normes toujours plus nombreuses et contraignantes. » 

Les agriculteurs demandent des mesures claires, notamment des « clauses miroirs » garantissant que les produits importés respectent les mêmes exigences que les leurs. « Sinon, c’est totalement incontrôlable, » insiste l’agriculteur.

« L’état d’esprit des agriculteurs est tendu »

« Les agriculteurs sont démoralisés et fatigués, » confie Jérôme Biré. Après une année harassante marquée par des aléas climatiques et des semaines de travail intensives, l’horizon reste sombre. « 2024 s’annonce difficile. On verra les chiffres en février, mais ça risque de saigner. » 

En attendant, tous ont les yeux rivés sur le 20 novembre, date du vote européen sur l’accord Mercosur. « On espère que nos élus feront un choix intelligent. Nous, on continuera à nous battre pour défendre notre agriculture, nos normes, et surtout, notre souveraineté alimentaire. »

« Est-ce que vous accepteriez de faire manger de la viande aux antibiotiques, que l’on n’a pas le droit d’utiliser, dans les assiettes de vos enfants, dans les cantines, dans les EHPAD, dans tout ce qui est restauration collective ? »

Malgré un accueil jugé respectueux, le sous-préfet n’a pas souhaité s’exprimer. Pour les manifestants, cette mobilisation marque le début d’une longue lutte contre un accord qu’ils jugent dangereux. « Est-ce que vous accepteriez de faire manger de la viande aux antibiotiques, que l’on n’a pas le droit d’utiliser, dans les assiettes de vos enfants, dans les cantines, dans les EHPAD, dans tout ce qui est restauration collective ? Moi non, » s’insurge Jérôme Biré. Cette bataille, il la mènera jusqu’au bout. 

À l’image de Fontenay-le-Comte, plus de 80 actions similaires ont eu lieu dans toute la France ce lundi 18 novembre. Les agriculteurs espèrent que leur voix sera entendue avant qu’il ne soit trop tard.

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  • Je viens du monde de la radio, où chaque mot compte. Aller à l’essentiel, écrire le moins pour dire le plus, c’est ma façon de travailler.Après avoir été journaliste dans plusieurs régions de France, j’ai choisi de raconter les histoires d’ici, en Vendée. Des récits de vie, des initiatives locales, une information gratuite, réfléchie et bienveillante, accessible à tous.Avec Vendée Gazette, je veux informer sans cliver, éclairer sans juger. "Le plus compliqué, c’est de faire simple", une devise qui guide ma plume, au service du local et des gens.

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