Michel fabrique, dans son atelier de Mareuil-sur-Lay, une barque en bois d’acajou. Ce 35e bateau partira ce samedi 5 avril direction Colmar, pour des balades sur l’eau.

Il y a l’odeur du bois, la lumière en biais sur les planches et les copeaux par terre. Dans l’atelier d’un ancien menuisier, à Mareuil-sur-Lay, les lattes d’acajou s’alignent. La barque est presque prête. « Elle part ce samedi à Colmar », se réjouit Michel. Le menuisier ajuste, lime, polit.
« Je suis le patron, l’ouvrier et le balayeur », dit-il en souriant. « Et là, clairement, le balayeur n’a pas bossé, » plaisante le Mareuillais.
Le bateau mesure 6 mètres de long, un mètre de large au fond, 60 centimètres de profondeur. Il peut accueillir jusqu’à 10 personnes plus un batelier. Direction Colmar, pour les fameuses balades sur l’eau de la Petite Venise, connues dans le monde entier, notamment lors de son marché de Noël. Un petit bout de Mareuil verra défiler des millions de visiteurs.

Une passion transmise de père en fils
Michel fabrique des bateaux depuis l’âge de 7 ans. « À l’époque, j’étais le balayeur », sourit-il.
Cinq francs la journée. Moins d’un euro aujourd’hui. Un apprentissage au rabot, transmis par un père charron-forgeron. « Le père s’est installé en 1959. J’ai repris en 92. » Une histoire de transmission et de passion.
Sur une vieille photo, on le voit jeune adulte aux côtés de son père : « le petit couillon là, c’est moi. »

Depuis, il a construit des centaines d’embarcations. Toujours avec la même exigence : celle du bois bien choisi, bien posé.
Changer de bois, s’adapter au temps qui passe
« Avant, on travaillait le pin maritime. Mais avec les engrais, le bois pousse trop vite. Il est moins dense. Il tient moins. »
En 2004, Michel se réinvente. Faute de trouver du bois de qualité, il bascule vers l’exotique : l’acajou d’Afrique. Un bois stable, moins capricieux, plus résistant aux écarts de température et d’humidité. « Il travaille beaucoup moins, » explique Michel.

Un savoir-faire adapté, mais fidèle à l’essentiel. Ce samedi 5 avril, à l’aube, le bateau quittera la Vendée sur sa remorque, pour voguer au fil de l’eau. Il fera briller un coin de Mareuil dans les reflets de Colmar.