Chapuze : l’histoire d’un humoriste vendéen

Il a troqué la coopérative agricole pour les planches. À 70 ans, Serge Maret, alias Chapuze, continue de faire rire la Vendée et bien au-delà. De ses débuts dans une auberge du Marais poitevin à ses spectacles engagés sur le monde rural, rencontre avec un humoriste à l’accent authentique et aux vannes aiguisées.

Serge Maret alias Chapuze à Luçon
Serge Maret alias Chapuze à Luçon le 10 février 2025 – Photo : Vendée Gazette

Nous rejoignons Serge Maret, alias Chapuze, dans un café animé de Luçon. Il s’assoit, son expresso à la main, un sourire chaleureux et des yeux qui pétillent. Loin de l’accoutrement qu’on lui connaît avec son béret et ses lunettes rondes, Serge Maret, 70 ans, est vêtu d’une chemise à carreaux. Il vit aujourd’hui à Talmont-Saint-Hilaire, mais il est né dans un petit village près de Fontenay-le-Comte. Il a commencé sa carrière sur le tard. 45 ans, c’est l’âge qu’il avait quand il a joué ses premiers sketchs.

Un béret, des petites lunettes et une canne.

« On avait un restaurant avec mon épouse dans le Marais poitevin de 1997 à 2004, l’Auberge du vieux batelier. En l’an 2000, j’ai commencé à organiser des soirées cabaret, où je racontais des histoires à table. C’est comme ça que j’ai construit mon personnage. Un béret, des petites lunettes, une canne. Et puis j’ai continué. »

Il rentrait dans le restaurant en milieu de repas, jouant le rôle d’un habitué du coin, un verre de rosé à la main.

« J’ai toujours été un raconteur d’histoires. Depuis toujours. Les histoires drôles m’ont toujours poursuivi. Ou peut-être que c’est moi qui les ai poursuivies, je ne sais plus.»

Le parcours d’un humoriste pas comme les autres

Serge Maret n’était pas destiné à la scène. « J’ai un DUT de biologie appliquée, option industrie alimentaire. J’ai bossé 33 ans dans une coopérative agricole. Un jour, j’ai rencontré un agent qui m’a dit : ‘Moi, ça m’intéresse ce que tu fais. Est-ce qu’on pourrait travailler ensemble ?’ Là, je me suis dit : on franchit une étape. J’ai commencé à écrire des spectacles autour d’un thème. »

Ses sketchs sont ancrés dans le monde rural, un univers qu’il connaît par cœur. « Je suis fils et petit-fils d’agriculteurs. J’aime ce milieu, et j’ai bossé toute ma vie dedans. » Mais pas question de tomber dans la caricature : « Je ne veux pas que mon humour enferme la ruralité dans une vision clichée. Au contraire, j’essaie de la faire vivre. »

« Chapuze, ça vient du verbe ‘chapuzer’, qui veut dire bricoler en patois vendéen »

Quant à son nom de scène, il cache une histoire forte. « Chapuze, ça vient du verbe ‘chapuzer‘, qui veut dire bricoler en patois vendéen. Mais moi, je l’ai surtout choisi en hommage à un copain. Il était tout le temps en train de chapuzer, alors on l’appelait Chapuze. Il est décédé à 38 ans. J’ai pris son surnom pour qu’il continue de vivre, d’une certaine manière. »

Loin de se contenter d’un seul territoire, Chapuze se produit bien au-delà de la Vendée. « Je vais en Bretagne, en Indre-et-Loire, en Maine-et-Loire, même en Loire-Atlantique. Il faut savoir s’adapter au public. » Car s’il a débuté en parlant patois, il a vite compris qu’il fallait nuancer. « Les Bretons s’en fichent du patois vendéen. Il faut trouver un équilibre pour toucher tout le monde. »

Ses inspirations ? « Coluche et Paulo. Coluche pour l’engagement, Paulo pour l’humour rural. J’aime observer les gens, capter leurs mimiques, leurs tics. C’est là que naissent mes blagues. Je note tout ce qui me fait rire, une phrase, un mot, un regard. Tout peut devenir une histoire. »

« 300 occasions de rire ou de sourire »

Aujourd’hui, avec la montée des réseaux sociaux et du politiquement correct, l’humour doit-il se réinventer ?

« Il faut faire attention. La religion, j’évite. La politique, ça change trop vite. Et puis la misogynie, qui faisait partie du personnage du vieux Vendéen, j’ai dû la réduire. Maintenant, j’ai trois vannes misogynes dans le spectacle. Avant, j’en avais plus.»

Chapuze spectacle : à guichet fermier

Son dernier spectacle, À guichet fermier, aborde des thèmes sensibles : les vegans, les anti-spécistes, le réchauffement climatique, l’agribashing

« J’essaie de faire rire avec des sujets qui méritent réflexion. Ce n’est pas toujours évident. Mais tant que les gens viennent, que ça leur parle et qu’ils sortent de la salle en me disant : ‘C’est vrai ce que vous dites’, c’est que j’ai réussi mon boulot.»

Mais au-delà des rires, c’est surtout le sourire des spectateurs qui lui apporte le plus de satisfaction.

« Quand je les vois repartir avec la banane, avoir oublié leurs soucis pendant une heure et demie, je me dis que j’ai fait quelque chose de bien. Ça, c’est un sacré salaire. » Il a même compté : « J’ai calculé qu’il y avait 300 occasions de rire ou de sourire dans mon spectacle.»

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Auteur/autrice

  • Je viens du monde de la radio, où chaque mot compte. Aller à l’essentiel, écrire le moins pour dire le plus, c’est ma façon de travailler.Après avoir été journaliste dans plusieurs régions de France, j’ai choisi de raconter les histoires d’ici, en Vendée. Des récits de vie, des initiatives locales, une information gratuite, réfléchie et bienveillante, accessible à tous.Avec Vendée Gazette, je veux informer sans cliver, éclairer sans juger. "Le plus compliqué, c’est de faire simple", une devise qui guide ma plume, au service du local et des gens.

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