Marie-Victoire Goursolas redonne vie aux vases centenaires du jardin Dumaine. Vendée Gazette a plongé dans son atelier, là où chaque éclat de céramique raconte une histoire.
Le bois craque sous les pas. Une odeur d’émail flotte dans l’air. Dans ce vaste grenier transformé en atelier, au cœur d’un petit village près de La Roche-sur-Yon, Marie-Victoire Goursolas s’affaire. Cheveux en arrière, tablier nacré, gants chirurgicaux bleus, Marie-Victoire se penche avec délicatesse sur l’un des vases monumentaux du jardin Dumaine. Deux mois de travail pour redonner aux vases leur éclat. Deux pièces : les plus anciennes, du parc emblématique de Luçon.
Les vases, imposants, bleus profonds, témoignent d’un savoir-faire d’un autre siècle. À force de gel et d’humidité, ils ont perdu de leur éclat. « C’est un travail minutieux, qui demande patience et précision », confie la restauratrice en inspectant les moindres fissures. Un défi de taille.
Un chantier délicat : nettoyer sans altérer
Sur la grande table de travail, un pinceau, un scalpel, un pot de colle spéciale céramique. Marie-Victoire s’empare d’un pinceau en fibre de verre et frotte délicatement la surface d’un des vases. « L’objectif est d’éliminer les impuretés accumulées sans abîmer l’émail d’origine », explique-t-elle en essuyant la poussière d’un revers de gant.
Contrairement aux objets de musée, ces vases sont destinés à rester en extérieur.
« Les restaurations en musée permettent parfois d’utiliser des matériaux plus fragiles, parce que les pièces ne bougeront plus. Ici, il faut choisir des produits résistants aux intempéries et au gel. »
« Même avec ces traitements, on ne peut pas figer la matière dans le temps. L’extérieur reste une épreuve pour ces objets fragiles. »
Restaurer sans laisser de trace : « le créateur passe avant le restaurateur »
« Le créateur de l’œuvre, il passe avant le restaurateur. » Cette phrase, Marie-Victoire Goursolas la répète souvent. Son travail, aussi méticuleux soit-il, doit rester invisible. « Nous, on vient respecter l’œuvre originelle et lui redonner son éclat », explique-t-elle en caressant du bout des doigts la surface encore en cours de restauration.
La restauratrice n’appose pas sa signature, ne cherche ni reconnaissance ni gloire. Sa mission : permettre aux vases du jardin Dumaine de raconter leur histoire, sans que l’on devine son intervention. Chaque geste est pensé pour s’intégrer parfaitement à l’objet, sans en trahir l’âme.
Rendre hommage à l’artiste d’origine, lui redonner la place qu’il mérite, voilà ce qui anime la restauratrice. Elle travaille à la jonction du passé et du présent, entre les mains de celui qui a façonné l’objet et les regards de ceux qui l’admireront demain. « Quand un promeneur passera devant ces vases restaurés au jardin Dumaine, il ne saura pas qu’ils étaient abîmés par le temps.»
Redonner vie sans trahir. Réparer sans altérer. Un équilibre fragile, presque un paradoxe : exécuter un travail minutieux et laborieux, pour qu’au final, il ne se voie pas.
Un patrimoine sauvegardé pour les générations futures
Ces vases sont bien plus que de simples objets décoratifs. Ils témoignent d’un héritage, d’un savoir-faire et d’une époque où la céramique sculptée ornait les jardins français. Leur restauration s’inscrit dans une démarche plus large de préservation du patrimoine luçonnais. « Ces pièces ont traversé les siècles, elles méritent d’être transmises aux générations futures », souligne Marie-Victoire.
D’ici quelques semaines, les deux colosses en faïence retrouveront leur place parmi les allées du jardin Dumaine. Une restitution prévue pour mai, après des semaines de soins méticuleux. « C’est toujours émouvant de voir une pièce restaurée reprendre sa place », confie la restauratrice.
En attendant, elle veille. « Chaque restauration est une rencontre avec un objet. Ces vases, je les connais par coeur. »
Et bientôt, les promeneurs du jardin Dumaine les redécouvriront, majestueux, fidèles à leur histoire.
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