Cigognes en Vendée : un spectacle naturel en plein essor

Chaque année, elles reviennent en Vendée. Les cigognes blanches, autrefois menacées, sont désormais bien présentes dans le département. De plus en plus de couples s’installent durablement, modifiant leurs habitudes migratoires. Pourquoi cet essor ? Quels impacts ?

Cigognes le Gorgeais Marais de Lairoux
2025-02-05 – Cigognes le Gorgeais Marais de Lairoux. – Photo : Joëlle Denis

« Nous avons entre 80 et 100 couples en Vendée, » précise Victor Turpaud-Fizzala, conservateur de la Réserve naturelle régionale du Marais de la Vacherie et coordinateur du programme Marais Poitevin à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). Chaque année, la nature orchestre un retour fascinant : celui des cigognes blanches. Depuis une trentaine d’années, elles s’installent durablement dans le Sud Vendée. Leur présence, d’abord discrète, s’est intensifiée au fil du temps, soulevant des questions et nourrissant des idées reçues.

équipe RNR Marais de la Vacherie
Photo : équipe RNR Marais de la Vacherie

Un retour qui s’ancre dans le paysage vendéen

Dans les années 1970, la cigogne blanche frôle l’extinction en France, avec seulement 11 couples recensés. Les efforts de conservation, comme l’installation de plateformes artificielles par la LPO, permettent une forte augmentation de la population, selon la ligue de protection des oiseaux. La France accueille aujourd’hui près de 5000 couples, dont 525 en Charente-Maritime (2019). Ce département voisin de la Vendée abrite désormais le plus grand nombre de couples nicheurs en France, devant le Haut-Rhin et le Bas-Rhin.

Les naturalistes ont observé les premiers couples de cigognes dans le Marais Poitevin il y a une trentaine d’années. « Ça s’est amorcé il y a vingt ans, et depuis, il y a une belle dynamique« , explique Victor Turpaud-Fizzala.

cigognes

Près d’une centaine de couples vivent aujourd’hui en Vendée, principalement dans le Sud du département. « Elles sont assez fidèles à leur site. Lorsqu’un territoire est saturé, elles recherchent de nouveaux espaces à occuper. » Ce phénomène s’explique notamment par l’abondance de nourriture, notamment les écrevisses américaines, dont les cigognes raffolent. « Contrairement aux idées reçues, leur présence ne cause pas la disparition des grenouilles, mais profite de la prolifération des écrevisses invasives. »

Des habitudes migratoires en pleine évolution

Les cigognes sont traditionnellement des oiseaux migrateurs, mais en Vendée, cette réalité est en train d’évoluer. « On a de plus en plus d’individus qui hivernent. Avec l’abondance de nourriture disponible toute l’année, elles migrent de moins en moins loin« , précise Victor Turpaud-Fizzala. Certaines commencent même à nicher dès la fin janvier et pondent leurs œufs dès février.

Ces changements résultent aussi du réchauffement climatique. « L’hivernage est de plus en plus court. Certaines cigognes ne vont plus jusqu’en Afrique et préfèrent s’arrêter en Espagne où elles trouvent déjà suffisamment de ressources. » Une adaptation qui pourrait, à terme, faire des cigognes une espèce sédentaire en Vendée.

Protection et cohabitation : un équilibre à préserver

Les associations de protection de la nature ont mis en place des mesures adaptées face à l’essor des cigognes. « Historiquement, on a installé des plateformes pour qu’elles puissent nicher en toute sécurité, notamment pour éviter qu’elles s’installent sur des pylônes électriques, ce qui peut être dangereux. » La LPO collabore avec RTE (Réseau de Transport d’Électricité) pour limiter ces risques et accompagner ces oiseaux dans leur installation.

Cigognes

Côté habitants, chacun peut contribuer à la préservation des cigognes. « Éviter de les déranger lorsqu’elles nichent est essentiel, car un stress important peut les amener à abandonner leur nid. » L’entretien des prairies et des zones humides favorise aussi leur présence en leur offrant un habitat riche en nourriture.

Observer les cigognes en Vendée

Pour les curieux, la période de nidification est idéale pour observer ces majestueux échassiers. Dès avril, les premiers petits voient le jour. « On peut voir les jeunes grandir pendant 30 à 40 jours avant qu’ils ne tentent leur premier vol« , détaille Victor Turpaud-Fizzala.

Des webcams sont d’ailleurs mises en place pour suivre l’évolution des nids en direct. « Il existe déjà des dispositifs en Charente-Maritime, et nous espérons bientôt en installer en Vendée, notamment dans le Marais Poitevin. »

Le retour des cigognes en Vendée est une réussite écologique. Un spectacle fascinant qui pourrait bien, dans quelques années, devenir une présence permanente.

Auteur/autrice

  • Je viens du monde de la radio, où chaque mot compte. Aller à l’essentiel, écrire le moins pour dire le plus, c’est ma façon de travailler.Après avoir été journaliste dans plusieurs régions de France, j’ai choisi de raconter les histoires d’ici, en Vendée. Des récits de vie, des initiatives locales, une information gratuite, réfléchie et bienveillante, accessible à tous.Avec Vendée Gazette, je veux informer sans cliver, éclairer sans juger. "Le plus compliqué, c’est de faire simple", une devise qui guide ma plume, au service du local et des gens.

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